Projet Simandou : Oui, les documents font bien 14 kilomètres de long !

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onakry, 9 avril 2025 — L’image a de quoi faire sourire, et pourtant elle est bien réelle : 14 kilomètres de documents contractuels pour un seul projet. C’est ce qu’a affirmé, chiffres à l’appui, Djiba Diakité, ministre Directeur de Cabinet de la Présidence, dans une interview accordée à Forbes. Une déclaration qui a immédiatement déclenché une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux, entre sarcasme, étonnement et scepticisme. Mais derrière l’anecdote se cache une réalité bien plus sérieuse : le projet Simandou est titanesque, et sa documentation l’est tout autant.
Des chiffres vertigineux, mais vérifiables
Mathématiquement, un document papier format A4 mesure 29,7 cm de haut. Alignées les unes à la suite des autres, 47 138 pages atteindraient environ 14 km. Cette estimation correspond bel et bien à ce qu’exige un projet de l’ampleur de Simandou, considéré comme le plus grand projet minier intégré au monde, avec un coût d’investissement évalué à près de 20 milliards de dollars.
Et ce n’est pas qu’une affaire de paperasse : le volume de documents reflète l’ampleur, la complexité et la durée d’un projet qui couvre à la fois l’exploitation minière, la construction d’un chemin de fer, d’un port, d’une aciérie, et tout un arsenal d’infrastructures connexes.
25 ans de travaux et de documentation
Le projet Simandou, c’est plus de 25 ans de recherches, d’études et de négociations. Rien d’étonnant donc à ce que les documents associés soient aussi nombreux que denses. Le Comité Stratégique de suivi du projet a d’ailleurs publié à plusieurs reprises les étapes clés du projet, détaillant les documents contractuels et techniques négociés depuis la première convention minière en 1997.
Parmi les documents techniques figurent :
- Des recherches géologiques couvrant plusieurs décennies ;
- Les études de pré-faisabilité et de faisabilité des différents volets du projet (mine, chemin de fer, port) ;
- Des études environnementales et sociales détaillées avec plans de gestion, réinstallation, sécurité, etc. ;
- Des plans pour l’emploi local, le développement communautaire et le renforcement des PME guinéennes ;
- Des chronogrammes de travaux, estimations d’infrastructures et plans architecturaux.
Côté juridique et financier, on retrouve :
Et les accords d’investissement avec les partenaires internationaux (Baowu, Rio Tinto, WCS…).
Les conventions minières historiques (Rio Tinto, WCS…) ;
L’accord-cadre de 2022 ;
Les documents de la Compagnie du Transguinéen (CTG) ;
Le pacte d’actionnaires, les accords de co-développement ;

Une montagne de paperasse, mais surtout un enjeu stratégique
Face à l’ironie de certains internautes, qui ont pris la déclaration de Djiba Diakité pour une hyperbole ou une blague, les connaisseurs du secteur minier sont formels : cette masse documentaire est non seulement plausible, mais indispensable. Elle témoigne de l’exigence de transparence, de rigueur réglementaire et d’anticipation des risques qu’impose un projet aussi structurant pour la Guinée et la région.
Simandou ne se limite pas à extraire du minerai de fer. C’est un projet de transformation économique, d’aménagement territorial et de diplomatie économique. Il mobilise des multinationales, des États, des collectivités locales, et il repose sur des engagements contractuels de très long terme.
Quand la documentation devient un pilier du développement
Dans un monde où la gouvernance des ressources est scrutée de près, notamment par les institutions internationales, les ONG, et les citoyens eux-mêmes, disposer d’une documentation aussi complète est une garantie de traçabilité, de légalité, mais aussi de souveraineté.
Oui, les documents du projet Simandou feraient 14 kilomètres de long si on les étalait. Mais plus qu’un symbole de bureaucratie, c’est le reflet d’un projet national majeur, qui façonnera la Guinée de demain.
Et si cette montagne de papiers était en réalité la fondation d’un géant économique ?