Procès Kassory Fofana : 5 milliards réclamés, saisie de biens exigée, verdict attendu le 13 février

C
onakry, 21 janvier 2025 – Le procès de l’ancien Premier ministre guinéen, Dr Ibrahima Kassory Fofana, a franchi une étape décisive devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Les plaidoiries et réquisitions se sont déroulées ce lundi, dans une ambiance marquée par l’absence du prévenu, hospitalisé à la clinique Pasteur pour raisons de santé.
La partie civile réclame des milliards et la saisie des biens
Les avocats de l’Agent judiciaire de l’État, menés par Me Amadou Baben Camara, ont ouvert cette phase en détaillant les accusations portées contre Kassory Fofana. Ils ont particulièrement insisté sur sa gestion présumée des fonds de la Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes (MAMRI), qualifiée de corruption aggravée.
Sur l’aspect du blanchiment de capitaux, Me Camara a relevé l’impossibilité pour le prévenu de justifier la provenance des sommes importantes retrouvées sur ses comptes bancaires. Sur cette base, la partie civile réclame :
- 15 milliards de francs guinéens à titre principal ;
- 5 milliards de francs guinéens pour dommages et intérêts.
En outre, les avocats de l’État demandent la validation des saisies conservatoires sur les comptes bancaires et la confiscation des biens meubles et immeubles du prévenu jusqu’à hauteur du montant de la condamnation.
Le ministère public demande 5 ans de prison ferme

Après les plaidoiries de la partie civile, le ministère public, représenté par Amiata Kaba, a pris la parole pour confirmer la gravité des accusations. Selon lui, les faits de détournement de deniers publics, de blanchiment de capitaux et d’enrichissement illicite sont suffisamment établis pour justifier une condamnation.
Dans ses réquisitions, le ministère public a demandé à la Cour de :
- Reconnaître Dr Kassory Fofana coupable des charges retenues contre lui ;
- Le condamner à 5 ans de prison ferme ;
- Lui infliger une amende de 5 milliards de francs guinéens ;
- Valider la saisie conservatoire des comptes domiciliés à VISTAGUI.
Une défense silencieuse et une affaire mise en délibéré

En revanche, les avocats de la défense ont refusé de plaider, arguant que leur client, hospitalisé, est médicalement incapable de comparaître ou de se défendre convenablement. Cette absence n’a pas empêché la Cour de poursuivre les débats et de mettre l’affaire en délibéré.
La décision sera rendue le 13 février 2025, une date que de nombreux observateurs attendent avec impatience dans ce procès emblématique de la lutte contre la corruption en Guinée.
Un verdict attendu dans un climat tendu
Alors que l’opinion publique reste divisée sur cette affaire, certains saluent la détermination des autorités judiciaires à combattre l’impunité, tandis que d’autres dénoncent une instrumentalisation politique. Quoi qu’il en soit, l’issue de ce procès pourrait marquer un tournant décisif dans la gestion des affaires publiques en Guinée.Affaire à suivre.