Crise interne à l’UFDG : Joachim Baba Milimono évincé, Souleymane Souza prend la relève

C
onakry, 9 avril 2025 — Rien ne va plus au sein de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Le principal parti d’opposition traverse une période de fortes turbulences internes, entre remaniements, contestations régionales et remises en question de son leadership. Dernier épisode en date : le coordinateur de la cellule de communication, Joachim Baba Milimono, vient d’être démis de ses fonctions.
C’est Souleymane Konaté, connu dans les cercles politiques et médiatiques sous le nom de Souleymane Souza, jusque-là conseiller en communication de Cellou Dalein Diallo, qui prend désormais les commandes de cette cellule stratégique.
Une éviction qui en dit long
Ce changement, qui intervient dans un climat déjà tendu, n’est pas un simple ajustement technique. Il s’inscrit dans une série de remaniements internes visant à resserrer les rangs autour de la direction actuelle du parti, fragilisée par des critiques croissantes sur sa gouvernance et sa stratégie politique. Ces critiques, venues aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur du parti, ont mis à nu des dissensions profondes.
Avant Joachim Baba Milimono, d’autres figures du parti ont été écartées de leurs fonctions, notamment le trésorier et le responsable des fédérations. Une décision motivée, selon des sources internes, par leur supposée proximité avec le Palais Mohamed V, où ils auraient eu des rencontres non autorisées avec le président de la Transition.
Un mémo qui dérange
La situation s’est davantage envenimée après la diffusion d’un mémorandum signé par plusieurs fédérations régionales, notamment celles de la Guinée forestière et de la Haute Guinée. Dans ce document, les signataires appellent à une réforme en profondeur du parti, demandant non seulement la réintégration des cadres exclus, mais allant jusqu’à suggérer un retrait de Cellou Dalein Diallo de la tête de l’UFDG, pour endosser un rôle plus symbolique de président d’honneur, à l’image du regretté Bâ Mamadou.
Joachim Baba Milimono a reconnu être l’auteur de ce mémo, une prise de position qui a précipité sa chute. Contrairement à Ousmane Gaoual Diallo, ancien porte-parole du parti, exclu avec fracas, Milimono n’a pas été radié, mais simplement écarté de ses fonctions — une manière pour la direction de maintenir une certaine stabilité tout en envoyant un signal fort à ceux qui remettent en question l’autorité du président du parti.

Une transition délicate
L’arrivée de Souleymane Souza à la tête de la communication intervient donc dans un moment charnière. Proche collaborateur de Cellou Dalein Diallo, il est perçu comme un fidèle, chargé de recentraliser le discours du parti et de réduire les voix dissonantes. Mais la tâche s’annonce ardue, tant les tensions semblent cristallisées, notamment dans les régions qui réclament plus de considération et de représentativité.
Un parti à la croisée des chemins
L’UFDG, longtemps considérée comme la locomotive de l’opposition guinéenne, semble aujourd’hui en quête d’un nouveau souffle, au moment même où l’échéance électorale se profile à l’horizon. Entre fidélité au leader historique et volonté de renouveau, le parti devra trouver un équilibre délicat pour rester un acteur central sur l’échiquier politique guinéen.
En attendant, ces remous internes laissent entrevoir une crise de confiance qui dépasse la simple redistribution des postes. Une page semble se tourner, mais la suivante reste à écrire — et elle pourrait bien redessiner les contours de l’UFDG pour les années à venir.