Condamnation confirmée en appel pour Aliou Bah : le président du MoDeL écroué, ses partisans dénoncent une décision politique

Conakry, 1er juin 2025 – La Cour d’appel de Conakry a confirmé ce samedi la condamnation du président du parti MoDeL, Aliou Bah, à deux ans de prison ferme pour « offense et diffamation » envers le chef de l’État, le Général Mamadi Doumbouya. Ce verdict, prononcé dans une salle d’audience inaccessible au public, a suscité une vive indignation parmi les militants du parti et les défenseurs des libertés publiques.
Coupés de la lecture du jugement, les dizaines de militants du MoDeL rassemblés devant la Cour, tout comme les journalistes présents, ont été tenus à l’écart par un important dispositif de gendarmerie. C’est l’un des avocats de la défense, Maître Galissa Hady Diallo, qui a été contraint de sortir pour annoncer la décision à la foule. « La juge a simplement indiqué qu’elle confirmait en toutes ses dispositions le jugement du tribunal de première instance de Kaloum. La condamnation à deux ans de prison a été confirmée », a-t-il résumé.
Aliou Bah avait été initialement condamné pour avoir publiquement critiqué le silence des autorités religieuses face aux disparitions non élucidées de figures de la société civile – Foniké Menguè, Billo Bah – ainsi que du journaliste Habib Marouane Camara. Il est également reproché au leader politique ses déclarations sur la gestion opaque du méga-projet minier Simandou.
À la sortie du tribunal, les visages étaient graves. Encadré par des gendarmes, Aliou Bah a été placé dans un fourgon stationné à l’entrée du palais de justice. Avant d’être emmené à la maison centrale de Conakry, il a, une nouvelle fois, levé le poing en signe de défi, un geste devenu emblématique depuis l’ouverture du procès.
La réaction du parti ne s’est pas fait attendre. Pour Cheikh Sakho, cadre du MoDeL, cette décision est loin de mettre un terme à leur combat. « Le MoDeL ne se laissera pas intimider. Nous allons poursuivre cette bataille judiciaire jusqu’au bout. Nous sommes déjà engagés au niveau de la Cour de justice de la CEDEAO, et maintenant que l’appel a été rejeté, nous irons devant la Cour suprême », a-t-il déclaré, visiblement déterminé.

La confirmation de la condamnation d’Aliou Bah relance le débat sur la liberté d’expression et la place de l’opposition en Guinée. Plusieurs observateurs dénoncent une instrumentalisation de la justice pour faire taire les voix critiques, dans un contexte de transition politique où la société civile et les partis d’opposition réclament plus de transparence et de garanties démocratiques.
Alors que le gouvernement continue d’affirmer son engagement pour un retour à l’ordre constitutionnel, ce verdict pourrait nourrir les tensions et accentuer les clivages, au moment même où la communauté internationale suit de près l’évolution du processus de transition en Guinée.