Signature d’un accord historique entre la Côte d’Ivoire et la Guinée pour l’interconnexion à la fibre optique

L
e vendredi 11 octobre 2024, un protocole d’entente majeur a été signé à Conakry entre la Guinée et la Côte d’Ivoire pour l’interconnexion à la fibre optique. Cet accord, qui s’inscrit dans le cadre d’une coopération stratégique visant à renforcer les infrastructures numériques en Afrique de l’Ouest, a été formalisé par Kalil Konaté, ministre ivoirien de la Transition numérique et de la Digitalisation, et Rose Paula Pricemou, ministre guinéenne des Postes, Télécommunications et de l’Économie numérique. Les deux responsables étaient entourés de leurs équipes techniques respectives pour cette signature qui marque un tournant dans le développement numérique de la région.
Un projet d’intégration numérique soutenu par les chefs d’État
L’initiative s’inscrit dans la vision des présidents Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire et du Général Mamadi Doumbouya de Guinée, qui cherchent à renforcer la coopération régionale en matière de technologie et de connectivité. La signature de ce protocole fait suite à une série d’échanges entre les deux pays, notamment lors d’une visite au centre de supervision de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) de Guinée, où les deux parties ont discuté des défis et opportunités liés à la transformation numérique.

Un levier pour le développement durable
Dans ses déclarations après la signature, Rose Paula Pricemou a souligné l’importance de cette interconnexion pour la Guinée. « La vision du Chef de l’Etat est de faire des télécommunications un levier pour un développement durable. Aujourd’hui, la connectivité est cruciale pour améliorer la qualité des services, assurer la résilience et réduire les coûts. » Elle a également évoqué la récente interconnexion avec le Mali, illustrant la volonté de la Guinée de s’intégrer dans un réseau numérique ouest-africain résilient. « Après le Mali, nous nous interconnectons désormais avec la Côte d’Ivoire, qui bénéficie de cinq câbles sous-marins, » a-t-elle rappelé.
Redondance et résilience : des enjeux stratégiques
L’un des principaux objectifs de cette interconnexion est d’assurer la redondance des infrastructures en cas de sinistre, un point sur lequel les deux ministres ont insisté.

En mars 2024, quatre des cinq câbles sous-marins reliant la Côte d’Ivoire avaient été coupés, illustrant la vulnérabilité des infrastructures. L’accord permet désormais de garantir la continuité des services entre les deux pays, même en cas de coupure de ces câbles, renforçant ainsi la résilience numérique de la région. « Cette interconnexion permet non seulement d’augmenter le trafic économique régional, mais aussi de créer des emplois et de stimuler nos économies respectives, » a précisé Rose Paula Pricemou.
Mutualisation des ressources pour une souveraineté numérique africaine
Lors du point de presse, Kalil Konaté a également mis l’accent sur l’importance de la mutualisation des ressources pour permettre à l’Afrique d’héberger ses propres données et garantir la souveraineté de ses informations. Il a relevé que l’Afrique ne compte actuellement qu’une centaine de datacenters sur les 4 897 existants dans le monde, un chiffre encore trop faible. « En mutualisant nos ressources financières, nous pourrions construire des infrastructures de qualité supérieure et héberger nos données localement, » a-t-il déclaré, soulignant la nécessité pour le continent de développer ses propres capacités technologiques.
Vers une intégration numérique accrue en Afrique de l’Ouest
Cet accord représente un pas important vers une meilleure intégration numérique en Afrique de l’Ouest, avec des impacts positifs pour les économies des deux pays. En renforçant leurs infrastructures, la Guinée et la Côte d’Ivoire se positionnent comme des acteurs clés dans la transformation numérique du continent, ouvrant la voie à une coopération renforcée et à un développement durable basé sur les nouvelles technologies.
La signature de ce protocole d’entente marque donc une nouvelle étape dans la modernisation des télécommunications en Afrique de l’Ouest, avec des retombées positives pour les populations, notamment en termes d’accès à l’information, de création d’emplois et de résilience face aux aléas technologiques.