Entre filtrage nécessaire et risque d’exclusion, la caution de 900 millions place la Guinée face à un défi majeur : préserver l’équilibre entre sérieux du processus électoral et vitalité démocratique.

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Sauf changement de calendrier, les Guinéens iront aux urnes le 28 décembre prochain pour élire un nouveau président de la République. Plus d’une cinquantaine de partis politiques et près d’une vingtaine de candidats indépendants ont déjà exprimé leur volonté de participer à ce scrutin.

Mais la caution imposée pour être candidat, fixée par la Direction générale des élections, suscite de vifs débats. Elle s’élève à 900 millions de francs guinéens, non remboursables pour les candidats n’atteignant pas au moins 5 % des suffrages.

Pour certains acteurs sociaux et politiques, ce montant est jugé « exorbitant ». Il pourrait freiner de nombreux prétendants, réduire la diversité de l’offre politique et nourrir un sentiment d’exclusion. Dans un pays où une grande partie de la population vit sous le seuil de pauvreté et où les partis émergents dépendent souvent de financements informels, cette caution apparaît presque comme une barrière infranchissable.

Pour les candidats disposant de réseaux financiers solides, la somme est lourde mais surmontable. En revanche, les indépendants et petits partis risquent d’être relégués au rang de spectateurs, ce qui fragiliserait la vitalité démocratique du scrutin.

Certes, une caution élevée peut limiter les candidatures « fantaisistes » et alléger le bulletin de vote. Mais dans un contexte politique sensible, où la méfiance entre pouvoirs, acteurs politiques et citoyens reste forte, cette mesure peut aussi être perçue comme un outil de verrouillage de l’espace politique, favorisant les candidats fortunés sans garantir la qualité de leurs projets pour le pays.

Une démocratie solide exige à la fois crédibilité et inclusivité. Si la caution électorale est nécessaire, elle devrait être modulée ou accompagnée de mesures de soutien pour les candidats émergents et les partis à faible implantation. Des mécanismes comme un financement public partiel, des seuils de garantie proportionnels ou des facilités pour les petites formations pourraient garantir un accès plus équitable à la compétition électorale.

Ainsi, la présidentielle de 2025 pourrait rester un espace où toutes les idées et tous les talents ont la possibilité de s’exprimer, renforçant la légitimité du scrutin et la confiance des citoyens dans le processus démocratique.

« Si la caution vise à crédibiliser le scrutin, elle doit être modulée ou accompagnée de dispositifs de soutien aux candidats émergents pour que la présidentielle reste un espace ouvert à toutes les idées et à tous les talents. La démocratie se renforce lorsqu’elle favorise l’accès à tous, et non uniquement à ceux qui disposent de ressources financières importante

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