Affaire du braquage de 21 milliards GNF : l’avocat de Thierno Moussa Diallo dénonce une « violation flagrante de la présomption d’innocence »

D
epuis l’arrestation et l’extradition de Thierno Moussa Diallo, suspect principal dans le braquage de 21 milliards de francs guinéens entre Kindia et Mamou le 12 avril dernier, la tension ne cesse de monter. Ce mardi 29 avril 2025, sa photo a largement circulé sur les réseaux sociaux, montrée à visage découvert, suscitant de vives réactions. Mais cette exposition publique et médiatique inquiète sérieusement sa défense.
« Jeté en pâture à l’opinion » : la réaction ferme de Me David Béavogui
Dans une déclaration officielle ce mercredi, Me David Béavogui, avocat de Thierno Moussa Diallo, a vivement dénoncé ce qu’il qualifie de violation du principe fondamental de la présomption d’innocence. Selon lui, la remise médiatisée du suspect aux autorités guinéennes, sans aucune précaution, constitue une atteinte grave aux droits de son client.
« Suite à cette désignation, Monsieur Thierno Moussa Diallo est jeté en pâture, écrabouillé par l’opinion publique comme le chef d’orchestre, en violation du principe cardinal de la présomption d’innocence », a regretté Me Béavogui.
Il rappelle à cet effet l’article 11 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, ratifiée par la République de Guinée, qui stipule que toute personne est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité soit légalement établie lors d’un procès équitable.

Allégations de violences et d’entrave à la défense
Plus inquiétant encore, l’avocat affirme que son client aurait subi des violences physiques au cours de sa détention, visant à lui extorquer des aveux. Il base ses accusations sur des images diffusées sur les réseaux sociaux montrant un Thierno Moussa Diallo visiblement maltraité.
« La défense constate avec peine que Monsieur Thierno Moussa Diallo a fait l’objet de violences dans le but de lui arracher des aveux. »
Me Béavogui dénonce également un refus d’accès aux locaux de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), où son client est interrogé depuis plus de deux jours. Il déplore ce blocage qui porte atteinte aux droits élémentaires de la défense.
Une procédure sous tension
Face à ces atteintes présumées, l’avocat annonce avoir mandaté un huissier de justice pour constater les faits et en dresser un procès-verbal officiel, qui pourra être utilisé en justice. Il prévient par ailleurs qu’il rejette par avance tout procès-verbal d’interrogatoire obtenu dans ces conditions, qu’il qualifie de « méthodes d’un autre âge ».
Un test pour l’État de droit guinéen
Cette affaire illustre à la fois l’urgence de lutter efficacement contre la grande criminalité, mais aussi la nécessité absolue de respecter les droits fondamentaux des suspects, même dans des affaires aussi graves que celle du braquage des 21 milliards GNF. La pression monte désormais sur les autorités policières et judiciaires, appelées à garantir la transparence, l’équité et le respect de la légalité tout au long de la procédure.