Aliou Bah, opposant politique, condamné à 2 ans de prison pour « offense et diffamation » contre le président Mamadi Doumbouya

Partager cet article...

L

e tribunal de première instance de Kaloum a rendu son verdict ce mardi 7 janvier 2025 : Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL) et figure montante de l’opposition guinéenne, a été condamné à deux ans de prison pour « offense et diffamation » contre le président de la Transition, Général Mamadi Doumbouya.

Un procès express après une arrestation spectaculaire

Aliou Bah a été arrêté le 26 décembre 2024 à Pamelap, à la frontière entre la Guinée et la Sierra Leone. Transféré immédiatement à Conakry, il a été confié à la direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale où il a subi de longues heures d’interrogatoire. Après son inculpation pour « offense au chef de l’État », il a été placé en garde à vue avant d’être déféré au parquet du tribunal de Kaloum le 30 décembre.

Le procès de l’opposant s’est ouvert dès le lendemain, le 31 décembre 2024, et s’est déroulé sur trois audiences. Malgré ses déclarations répétées d’innocence et les arguments de sa défense, le tribunal a déclaré Aliou Bah coupable et l’a condamné à une peine ferme. Depuis son placement sous mandat de dépôt, il est détenu à la maison centrale de Coronthie, à Conakry.

Une condamnation qui divise

La décision judiciaire a suscité une vive controverse. Les organisations de défense des droits humains dénoncent une volonté des autorités de réprimer les voix dissidentes et de museler l’opposition politique. Pour ces observateurs, cette affaire s’inscrit dans une série d’actions visant à réduire au silence les critiques à l’égard du pouvoir en place.

Cependant, le ministre porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, invité de RFI Afrique le 9 janvier 2025, a rejeté ces accusations. Selon lui, la condamnation d’Aliou Bah relève d’un cadre juridique qui distingue clairement la critique légitime de la diffamation, laquelle est « pénalement sanctionnée ».

« Il ne faut pas considérer que ce soit une volonté des autorités de museler ou de pousser à l’exil. La diffamation est sanctionnée, alors que la critique est acceptée dans les démocraties en construction que nous essayons de bâtir », a-t-il déclaré.

Un espoir de clémence ?

Ousmane Gaoual Diallo a également exprimé l’espoir que la prochaine étape judiciaire aboutisse à une « sentence plus clémente ». « Cela pourrait contribuer à développer des discours plus apaisants et à renforcer le vivre-ensemble dans notre pays », a-t-il ajouté, appelant à un apaisement des tensions politiques.

Un climat politique sous tension

Cette affaire intervient dans un contexte où le régime de transition dirigé par le Général Mamadi Doumbouya est accusé de restreindre les libertés fondamentales. L’arrestation et la condamnation d’Aliou Bah, perçues par une partie de l’opinion publique comme une manœuvre politique, soulèvent des interrogations sur la gestion des opposants et sur l’état des droits de l’homme en Guinée.

Alors que le pays s’apprête à vivre une année cruciale marquée par des réformes et des échéances électorales, ce procès pourrait bien raviver les tensions entre les autorités et leurs détracteurs. Les regards restent tournés vers les juridictions supérieures, qui seront appelées à statuer en appel sur cette affaire.

Pour l’heure, Aliou Bah reste incarcéré, symbolisant pour certains la lutte contre un régime jugé répressif, et pour d’autres, la ligne dure des autorités face à ce qu’elles considèrent comme des dérives discursives.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *