Guinée : Arrestation d’Aliou Bah, une escalade dans la répression politique

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onakry – La tension politique monte en Guinée avec l’arrestation d’Aliou Bah, président du parti Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL) et figure de l’opposition au régime militaire. Depuis jeudi 26 décembre 2024, l’opposant est en garde à vue à la direction centrale des investigations judiciaires de la gendarmerie nationale à Conakry, après avoir été interpellé à la frontière de Pamelap alors qu’il se rendait en Sierra Leone pour des raisons personnelles.

Une arrestation controversée

Selon des témoins et des membres du parti MoDeL, Aliou Bah et sa délégation, composée notamment de son chef de protocole et de membres de sa famille, ont été arrêtés à la frontière sous prétexte d’attendre des instructions de Conakry. Ses téléphones confisqués, il a été escorté par des gendarmes vers une destination initialement inconnue. Cette opération, perçue par ses partisans comme une intimidation, s’inscrit dans un contexte où l’opposant dénonçait les abus du régime militaire.

Me Antoine Pépé Lamah, avocat d’Aliou Bah, confirme que son client est poursuivi pour offense au chef de l’État, une accusation qu’il rejette catégoriquement. « Nous sommes en train de mobiliser tous les moyens légaux pour qu’il soit présenté à un juge rapidement, mais il risque de passer tout le week-end en détention avant une éventuelle comparution lundi », a-t-il déclaré.

Une figure critique du régime

Aliou Bah est connu pour ses prises de position virulentes contre la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’État de septembre 2021. Dans ses discours et interventions médiatiques, il dénonçait ce qu’il qualifie de « confiscation du pouvoir » par un régime ayant initialement promis une transition rapide vers un gouvernement civil. Selon des proches, le leader du MoDeL faisait récemment l’objet de menaces d’enlèvement, renforçant l’idée que son arrestation s’inscrit dans une campagne plus large de répression contre l’opposition.

L’arrestation d’Aliou Bah a provoqué une vague de condamnations. Elhadj Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), a dénoncé une « privation de liberté en dehors de toute base légale ». Il a exigé la libération immédiate et sans conditions du président du MoDeL, accusant le régime de s’enliser dans une « dérive liberticide ».

Des organisations de défense des droits humains et des chancelleries étrangères suivent de près l’évolution de la situation. La Guinée, déjà sous pression internationale pour organiser des élections et restaurer un ordre constitutionnel, risque de voir son image davantage ternie par ces arrestations arbitraires.

Contexte tendu

Cet incident survient alors que le pays est marqué par une recrudescence des tensions politiques. Les partis d’opposition ont annoncé la reprise des manifestations dès le 6 janvier, dénonçant la prolongation de la transition militaire. Dans ce climat de défiance, l’arrestation d’Aliou Bah pourrait catalyser une mobilisation accrue des opposants, avec des risques d’escalade dans les affrontements.

Pour l’heure, l’avenir d’Aliou Bah reste incertain. Mais son arrestation est un symbole de la crise politique et des luttes de pouvoir qui secouent la Guinée. Une chose est sûre : la situation met en lumière la fragilité de la démocratie et des libertés fondamentales dans le pays.

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