Violences lors d’une finale à N’Zérékoré : Entre souvenirs douloureux et accusations de sabotage contre le CNRD

N
’Zérékoré, 1er décembre 2024 – Ce dimanche, la ville de N’Zérékoré a été le théâtre d’une tragédie lors de la finale du tournoi doté du trophée Général Mamadi Doumbouya. Les affrontements survenus, bien qu’éloignés en contexte, ont ravivé chez certains les souvenirs du massacre du 28 septembre 2009. Pour d’autres, ces violences sont perçues comme une tentative délibérée de déstabilisation du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), au pouvoir.
Un événement festif qui vire au drame
La finale opposant les équipes de N’Zérékoré et de Labé s’est déroulée dans une atmosphère tendue. La contestation d’une décision arbitrale par les supporters de Labé a enflammé les tribunes. Ce qui aurait pu rester une simple querelle sportive a rapidement dégénéré en violences généralisées, impliquant les forces de l’ordre.
Des jeunes en colère ont ensuite pris pour cible le commissariat du premier arrondissement, qu’ils ont pillé avant de l’incendier. Dans la soirée, la ville s’est transformée en un champ de barricades et de pneus en flammes, alors que des tirs de sommation résonnaient pour tenter de rétablir l’ordre.
Un bilan humain et matériel lourd
Selon les premières informations, plusieurs personnes ont perdu la vie dans ces incidents, et de nombreux blessés ont été admis à l’hôpital régional. Les scènes à l’hôpital sont déchirantes : des familles effondrées et des blessés graves reçoivent des soins d’urgence.
Ces violences ont ravivé chez certains les souvenirs tragiques du 28 septembre 2009, lorsqu’un rassemblement politique au stade de Conakry s’était soldé par un massacre. Si les deux événements sont incomparables dans leurs circonstances, ils résonnent profondément dans la mémoire collective des Guinéens, réveillant les douleurs d’un passé jamais totalement refermé.

Accusations de sabotage
Pour d’autres observateurs, ce drame dépasse le cadre sportif et reflète une tentative de sabotage contre le CNRD. Certains pointent du doigt des acteurs politiques ou sociaux cherchant à instrumentaliser la tension pour déstabiliser le gouvernement dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya.
Ces accusations sont renforcées par le contexte sensible de la transition politique actuelle en Guinée. Le tournoi, organisé sous l’égide du CNRD, portait symboliquement le nom du président de la transition, ce qui en fait une cible potentielle pour ceux cherchant à fragiliser son autorité.
Réaction des autorités
Face à la gravité des événements, le Premier ministre Amadou Oury Bah s’est exprimé pour appeler au calme :
« Le Gouvernement déplore les incidents qui ont émaillé le match de football entre les équipes de Labé et N’Zérékoré cet après-midi. Lors de la bousculade, des victimes sont enregistrées. Les autorités régionales sont à pied d’œuvre pour rétablir le calme et la sérénité au sein de la population », a-t-il écrit sur son compte X.

Le chef du gouvernement a également promis un suivi rigoureux de la situation et appelé à préserver un accès sans entrave aux hôpitaux pour les blessés.
Une ville sous tension
La ville de N’Zérékoré est sous haute surveillance, avec des militaires déployés autour des zones stratégiques, notamment le commissariat central et le camp militaire. Des tirs sporadiques de sommation continuent de résonner, tandis que des barricades demeurent en place dans plusieurs quartiers.

Un appel à la paix et à la réflexion
Ce drame soulève des questions sur la gestion des foules lors d’événements publics et sur les divisions persistantes au sein de la société guinéenne. Si les souvenirs douloureux du 28 septembre restent vivaces, cette nouvelle tragédie expose aussi les défis auxquels le CNRD fait face pour maintenir l’ordre et renforcer la cohésion sociale.
Dans ce contexte troublé, l’urgence d’une enquête approfondie et d’un dialogue national inclusif se fait sentir pour apaiser les tensions et prévenir de tels drames à l’avenir.