Arrestation de l’ex-ambassadrice Aïssatou Doukouré en Belgique : Conakry proteste et réclame une solution diplomatique

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Conakry, 26 juin 2025L’affaire Aïssatou Doukouré jette un froid sur les relations diplomatiques entre la Guinée et la Belgique. L’arrestation et la détention depuis deux semaines de l’ancienne ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de la Guinée auprès des pays du Benelux suscite une vive incompréhension du côté de Conakry, qui réclame désormais des explications officielles et une issue diplomatique.

Dans une note officielle dont copie a été publiée par Mosaiqueguinee.com, le Ministère guinéen des Affaires Étrangères, de l’Intégration Africaine et des Guinéens établis à l’Étranger a sollicité l’implication du Service Public Fédéral Affaires Étrangères, Commerce Extérieur et Coopération au Développement (SPFAE) du Royaume de Belgique afin d’obtenir des éclaircissements sur l’arrestation de Mme Doukouré.

« C’est avec beaucoup de regrets que Conakry a appris l’arrestation de l’Ambassadeur Doukouré à la résidence des Ambassadeurs de la République de Guinée à Bruxelles, sans en être informé ni avant ni après, malgré qu’elle jouit toujours de l’immunité diplomatique, conformément aux dispositions des Conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires », déplore le document.

Une arrestation controversée

Selon les informations recueillies par le site d’investigation lelynx.net, les ennuis judiciaires de Mme Aïssatou Doukouré trouvent leur origine dans une plainte déposée par une jeune Guinéenne de 16 ans, qu’elle avait sous sa garde. La mineure accuse son ancienne tutrice de maltraitance et de séquestration.

D’après ces mêmes sources, l’ancienne diplomate est actuellement incarcérée dans une prison de la ville de Gand, au nord-ouest de la Belgique. La plaignante, elle, aurait été placée dans un centre d’accueil pour enfants.

Cette affaire, à forte charge émotionnelle et diplomatique, place les deux États face à un casse-tête juridique et diplomatique. Car aux yeux de Conakry, la situation viole clairement la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques du 18 avril 1961 et celle sur les relations consulaires du 24 avril 1963, qui garantissent l’inviolabilité des locaux diplomatiques et l’immunité des diplomates.

La Guinée réclame le respect du droit international

Dans sa note officielle, le ministère guinéen, dirigé par Dr Morissanda Kouyaté, souligne que les autorités belges n’ont pas respecté la procédure diplomatique :

« Eu égard à ces manquements, le ministère invite le Royaume de Belgique à privilégier la voie diplomatique pour aplanir le différend ».

Le ministère insiste sur le principe fondamental de la Convention de Vienne stipulant que les agents de l’État accréditaire ne peuvent pénétrer dans les locaux diplomatiques sans le consentement du chef de mission, une disposition que Conakry estime bafouée par l’arrestation opérée au sein même de la résidence diplomatique guinéenne.raire. Nous avons tenté de traduire les aspirations des Guinéens, tout en visant la stabilité politique », a insisté Dr Dansa Kourouma.tégique dans la refondation de l’administration guinéenne.

Une affaire sensible aux multiples implications

L’arrestation d’une ancienne ambassadrice dans ces conditions soulève des questions complexes mêlant droit international, protection diplomatique et impératifs judiciaires. Bien que la protection diplomatique puisse théoriquement se poursuivre après la fin des fonctions, sa portée exacte varie selon les contextes et les accusations. Dans des affaires pénales graves, certains États estiment que l’immunité ne peut être absolue, notamment si la personne concernée ne bénéficie plus d’un statut diplomatique actif.

Pour l’instant, la Belgique n’a pas officiellement communiqué sur les détails judiciaires ni sur la qualification des charges retenues contre Mme Doukouré. L’absence d’information officielle alimente les tensions et place les deux pays sur une ligne de crête entre exigences de justice et obligations diplomatiques.

Vers une sortie diplomatique ?

Conscient des « bonnes relations d’amitié et de coopération » unissant les deux pays, Conakry espère toujours trouver une solution diplomatique pour régler ce contentieux potentiellement dommageable. Reste à savoir si Bruxelles privilégiera cette voie, ou maintiendra la procédure judiciaire en cours, au risque de tendre davantage les relations bilatérales.

Dans tous les cas, cette affaire met à rude épreuve les principes d’immunité diplomatique et révèle, une fois de plus, la complexité des interactions entre droit international et justice nationale, surtout lorsqu’elles impliquent des accusations graves comme celles évoquées.

L’évolution de ce dossier sera suivie de près par les chancelleries et les défenseurs du droit international, tant ses implications sont lourdes pour la diplomatie guinéenne et l’image de la coopération belgo-guinéenne.

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